Le CSR, précédé d’une prestigieuse renommée, entend retrouver la lumière. Tant de défis futurs.
C’est un club centenaire fondé en 1919 au cœur de l’une des régions minières les plus imposantes. Il vient d’accéder en Ligue 2 après une saison remarquable, marquant une étape décisive dans son histoire longue et tumultueuse. Ce triomphe est le fruit d’une persévérance inébranlable et d’une passion indéfectible. Le Croissant sportif de Redeyef, initialement baptisé «com-phos», a été créé par des travailleurs miniers étrangers, principalement maltais et français, installés dans la région. Ce club, réservé aux étrangers, reflétait les clivages sociaux de l’époque coloniale. Le nom «com-phos» a évolué par usage phonétique pour devenir «khanfous Redeyef». Ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que le club ouvre enfin ses portes aux Tunisiens, marquant le début d’une nouvelle ère. En 1958, avec le départ massif des étrangers après l’indépendance et la nationalisation de la compagnie des phosphates, le «com-phos» disparut, laissant place au Croissant sportif de Redeyef. Ce nouveau nom symbolise la renaissance sous l’emblème tunisien. Parmi les témoins vivants de cette époque, Rabah Namsi a exprimé sa fierté et sa joie : «Je remercie Dieu d’être là pour assister à la joie de retrouver la Ligue 2. Justice est faite après qu’on nous a renvoyés aux oubliettes. Toute la ville est portée pour la cause du club, nous viserons l’élite. Le CSR, c’est l’âme de cette zone, et c’est un atout pour viser l’étage supérieur», a-t-il déclaré, soulignant l’accomplissement d’une revanche historique et la continuité d’un héritage sportif et culturel. L’histoire de ce club minier est marquée par des épisodes d’injustice qui ont forgé son caractère résilient. En mai 1992, lors d’un match décisif contre EGSG, où un nul suffisait à El Gawafel pour accéder en Ligue 1, le referee Abderrahmen Kochat a été accusé de favoriser l’adversaire. Ce match, devenu légendaire, a généré des troubles sociaux et laissé une cicatrice profonde dans la mémoire collective des supporters. L’accession en Ligue 2 après tant d’années représente pour eux une revanche symbolique, une justice enfin, rendue.
En attendant la CPG
Un défi relevé, un pari gagné et une déterminante bravoure du jeune président du Croissant, Abderrazek Mejdi, qui a navigué contre vents et marées pour exaucer le rêve pieux des footeux de cette région : «Côté entraves, on en a souffert toute la saison, et ce sont les finances qui étaient notre principale contrainte, et c’est la CPG qui a fui son engagement sociétal pour les subventions allouées. Passée l’euphorie de l’accession, les travaux d’Hercule nous attendent pour pouvoir recevoir la saison prochaine dans notre stade. Le commissaire régional à la jeunesse et au sport a décidé d’allouer une enveloppe de 500.000 dinars pour la rénovation du stade. La semaine prochaine, on aura une réunion avec les responsables de la Compagnie des phosphates pour se concerter sur la subvention de la saison prochaine qui devrait être revue à la hausse. J’espère les convaincre qu’avec une subvention de 800.000 dinars, l’accession en Ligue 1 sera dans les cordes». Malgré les défis financiers accentués par la crise de la CPG, le CS Redeyef a toujours compté sur le soutien indéfectible de ses fervents supporters. Ces derniers, véritables piliers du club, ont manifesté une loyauté et une passion sans faille, jouant un rôle crucial dans chaque victoire… Le CSR, avec ses 105 ans d’histoire, incarne une libération dans une région souvent en proie à des troubles sociaux. L’accession en Ligue 2 est un hommage vibrant à son passé héroïque. Une nouvelle page de son épopée légendaire s’ouvre.